Un « coup de gueule… »

 

Patrice FOIN

 

 

Depuis Buffon au moins, les naturalistes considèrent l’homme comme le plus évolué des animaux… Au moins depuis Darwin, ils le considèrent comme l’aboutissement actuel de l’évolution. Attention, je ne mets aucune notion religieuse, positive ou négative, là-dedans ! Que l’homme diffère des animaux par sa conscience, son « âme » diront certains, n’est pas le sujet. Qu’il y ait un Dieu Créateur ou non, non plus ! (Vous trouverez mes opinions sur ce sujet longuement développées sur le même site Internet… mais elles n’entrent pas en ligne de compte ici).

 

Et qu’on ne se cache pas derrière de prétendus dogmes, quels qu’ils soient, pour refuser en bloc ce que j’écris dans la suite ! Je propose d’essayer d’éviter une mort abominable à des milliards d’êtres humains. Aucun dogme, émanant d’un Dieu bon ou voulant tout simplement préserver ses créatures, ne saurait se mettre en travers d’un tel but, bien au contraire !

 

De nombreuses sociétés animales fonctionnent de manière cyclique : une croissance de la population jusqu’au dépassement d’un certain seuil, puis des phénomènes d’autorégulation qui conduisent à la mort d’une part importante de la population. Puis, la croissance de la population redémarre, et ainsi de suite… J’ai développé ceci dans « Le principe de générosité » et vous y trouverez des références bibliographiques si vous le souhaitez. Disons que ces phénomènes sont bien connus depuis les années 1960 et ont été mis en évidence par des sommités de l’écologie (scientifique, rien à voir ou presque avec l’écologie politique actuelle) ou de l’éthologie (science des comportements animaux).

 

Dans l’essai cité dans le paragraphe précédent, je mets en évidence que ces cycles s’appliquent malheureusement aux sociétés humaines. Des études complémentaires seraient à faire mais il saute aux yeux à travers les écrits de grands historiens (dont Emmanuel Le Roy Ladurie) que ce fut notamment le cas en France entre le XIIIème et le XIVème siècle. Au XIIIème siècle la population d’un territoire correspondant en gros à la France actuelle a cru pour passer de 10 à 20 millions d’habitants, au XIVème siècle les guerres (dont la guerre de Cent Ans) et la peste noire ont ramené cette population à son chiffre de départ de10 millions.

 

Chez les animaux, divers processus d’autorégulation entrent en jeu, dont des épidémies (à l’égal de la Peste Noire chez les humains), mais aussi des morts massives dont les scientifiques ont eu bien du mal à déterminer la cause. Ils l’ont finalement attribuée à un simple phénomène de stress sans cause bactérienne ou virale particulière. Il s’agissait notamment de populations de cervidés. Un développement de l’homosexualité a semble-t-il également été signalé chez certaines espèces en surpopulation, mais je n’ai pas trouvé d’étude le mettant réellement en évidence de manière scientifique. Ce serait logique, il s’agit là d’un moyen d’autorégulation naturel.

 

Il est urgent de prendre tout cela en compte pour l’homme ! La situation est quasiment désespérée ! En effet, si l’on se réfère au territoire de la France, le seuil des 20 millions a dû être dépassé vers le XVIIIème siècle. Depuis, il y a eu une suite de nombreuses guerres et épidémies, depuis les guerres révolutionnaires et napoléoniennes[1] jusqu’aux guerres mondiales, depuis des « pestes » (que ce terme soit médicalement correct ou non) jusqu’aux grippes espagnole et asiatique… mais sans parvenir à réguler la population pour la ramener au-dessous du seuil. C’est sans doute aussi pourquoi nous nous en rendons aussi peu compte, la surpopulation nous oppresse depuis des générations… nous en souffrons… mais n’en sommes plus conscients. Les guerres qui en sont en grande partie la conséquence ont été intégrées à notre sensation de la « normalité ».

 

Et qu’on ne rejette pas cela au nom d’arguments fallacieux correspondant à  une désolante politique de l’autruche ! Si un Dieu a jamais promis à l’homme, quelque part au Moyen Orient, de multiplier sa descendance pour la rendre « aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel », il n’y avait que quelques centaines de milliers d’étoiles visibles à l’œil nu de l’observateur de l’époque, pas des milliards[2]. Certes, il s’agit peut-être d’une image … mais alors, le même Dieu aurait aussi dit : « Tu ne tueras point » et même s’il n’a pas précisé, et pour cause, cela englobe certainement : « Tu ne fabriqueras point de bombes atomiques, d’armes bactériologiques, de drones, etc.». Si l’on croit vraiment en un Dieu, il ne faut pas sélectionner ce que l’on préfère dans ses ordres, il faut les exécuter tous !

 

Mais, « pourquoi urgent ? » me direz-vous. Et bien, parce que la population continue à croître et que de monstrueux moyens d’autorégulation se mettent visiblement en place. Parce que de nombreux signes sont perceptibles, mettant en évidence que l’autorégulation est en marche ou dans certains cas, sur le point de se déclencher, de se re-déclencher devrais-je écrire car les deux guerres mondiales et bien d’autres en étaient déjà de premiers avatars. Depuis, les moyens de destructions de l’espèce humaine se sont multipliés : bombes atomiques et autres armes de destruction massive, mais aussi virus mutants, microbes devenant résistants aux antibiotiques, etc.

 

Et des signes clairs du démarrage de cette autorégulation sont patents. Qu’on en juge :

-au niveau des armements, je n’y reviens pas ; c’est ce qui saute aux yeux en premier mais n’est sans doute pas le plus grave…

-au niveau de l’utilisation des armements,

-avec une déstabilisation en cours de tout le Moyen-Orient et du monde musulman ; vous n’allez tout de même pas me dire que les printemps arabes  sont terminés et ont amené un progrès au niveau de la vie des individus ! Qu’ils soient un progrès ou non, seule l’histoire en jugera ; qu’ils soient terminés, consultez les médias et essayez de comprendre ce qui se passe en Egypte, en Libye, en Tunisie, en Syrie,… vous verrez qu’on est très loin d’un aboutissement ; et pendant ce temps, ces peuples ont perdu une grande partie de leurs moyens de vivre sans en acquérir de nouveaux : qui le  tourisme, qui une partie importante de leur agriculture (Syrie) ou de leur  industrie, etc.

-avec l’absence de maîtrise des armements de destruction massive qui prolifèrent ; avec notamment une arme monstrueuse dont personne n’ose vraiment parler mais qu’on voit citer, depuis des décennies, ici ou là, au hasard d’articles sur divers pays : l’arme bactériologique dont nul ne sait si la situation pourrait être maîtrisée si sa mise en œuvre était amorcée ;

-avec le développement d’un terrorisme dont il y a tout lieu de craindre qu’il finisse par trouver des moyens de destruction de plus en plus  importants (« bombes sales » par exemple) et surtout qui frappe en aveugle, il s’agit donc plus d’une pulsion de destruction que d’un processus idéologique ;

            -les « cris d’alarme » incessants lancés par les médias dans le domaine médical ; l’abus des antibiotiques conduisant à une résistance des souches microbiennes à ceux-ci ; ce ne sont même pas tant les prescriptions médicales excessives que l’abus des antibiotiques dans l’élevage qui sont en cause ; en l’absence d’antibiotiques efficaces, ceux dont nous disposons ne l’étant plus, nous ne sommes pas loin d’un nouvel avatar de la « Peste Noire » du XIVème siècle (un tiers de la population européenne mort en deux ans…) ; les signes d’une telle évolution sont bien visibles pour ceux qui veulent bien ne pas les ignorer… ; il s’agit par exemple de l’apparition de nouvelles souches de tuberculose résistantes aux traitements disponibles ; sans doute nos personnages politiques les ignorent-ils car, de droite comme de gauche, ils ignorent superbement les maux dont sont affectés les plus démunis qui sont aussi les premiers atteints… ; leur inconscient collectif leur dit que, quand ces maux arriveront dans les beaux quartiers qu’ils habitent, les super-médecins qui les soignent trouveront la parade… mais ils se trompent et il sera trop tard !

            -enfin, les innombrables imprudences commises par une société qui a acquis une puissance technologique et scientifique gigantesque sans se doter des moyens pour la maîtriser… ; cela part des centrales nucléaires qui explosent à qui mieux mieux ; je sais, d’après nos techniciens, il n’y a pas une chance sur des millions, voire des milliards qu’une centrale nucléaire explose… mais c’est quand même arrivé trois fois en 25 ans sur un parc d’environ 500 centrales… ; l’autorégulation de la population humaine en reste certes minime, pour le moment en tout cas ; par contre, des imprudences comme le développement des OGM sans connaître réellement leurs effets, le développement de semences de céréales qui ne permettent pas la production en cascade de semences, l’absence de lutte efficace contre les gaz à effets de serre, etc. accumulent des risques ou des fragilités même si l’on ne sait pas exactement ou et quand il va y avoir rupture…; par exemple, on en parle peu mais la quasi-obligation récente, en France en tout cas, d’utiliser des semences qui ne permettent plus de produire les semences de l’année suivante est gravissime ! En effet, elle nous rend dépendant de producteurs de semences qui sont eux-mêmes à la merci des crises économiques, qui peuvent devenir inopérants en cas de crise majeure, guerre ou épidémie par exemple, qui n’ont en tout cas pas de bonnes intentions mais uniquement celle de gagner un argent dont la signification même nous échappe de plus en plus ; il s’agit d’une faute  politique énorme commise très probablement sous la pression d’un lobby à courte vue pour qui la préservation des populations est le cadet de ses soucis…; le « principe de précaution » aurait dû être une pierre angulaire  de la protection des populations ; les journalistes qui le citent à tort et à travers n’y ont rien compris et le traduisent par « prendre des précautions », ce qui est un contresens majeur ! Mais doit-on leur jeter la pierre ? Il est analysé dans un rapport que j’ai lu, qui fait près de  200 pages, est long, verbeux et très peu compréhensible…

 

            D’autres signes tout aussi clairs montrent le malaise d’une société en surpopulation qui exhibe ses tendances à l’autodestruction. Peut-être ne les voyons nous pas parce que nous sommes sous la pression de cette surpopulation depuis plusieurs siècles et que nous les considérons de ce fait comme normaux. Ils sont innombrables et je n’en citerai que quelques-uns. Vous pourrez en trouver d’autre tant que vous voulez…

 

            -le développement des addictions qui détruisent l’individu, tabagisme, alcoolisme, drogue, mais aussi addictions au jeu, au sexe et à bien d’autres choses ; pour ne citer qu’un chiffre, en France, 25% de la population est dépendante de l’alcool et 8% a sombré au point de ne plus pouvoir avoir de vie sociale[3] ; si l’on ajoute les « dégâts collatéraux »  que sont les effets sur la famille, il s’agit bien d’un phénomène majeur d’autodestruction de notre société ; pensez, plus de 5 millions de personnes qui ont sombré en France ! Des millions d’autres qui sont touchés comme proches de ces personnes ! Et aucune politique digne de ce nom n’est entreprise ! Si on l’évoque, c’est aussitôt pour dire que ça ferait des chômeurs. Aussitôt, les lobbies de l’alcool insufflent des articles expliquant que le vin, la bière, etc. sont bons pour la santé. On va même jusqu’à citer ce pauvre Pasteur comme défenseur de l’alcoolisme au motif qu’il a, paraît-il, dit que le vin était bon pour la santé… certes, mais dans une société où les gens étaient majoritairement des travailleurs de force et où l’eau véhiculait souvent des maladies redoutables comme le typhus ou la typhoïde… Tous les arguments sont bons pour continuer l’autodestruction ! Mais que font les politiques ? Ne sont-ils là que pour plaire à tout le monde afin d’être réélu ? Ne savent-ils qu’être mous ? Ils perdraient très probablement des électeurs en luttant contre l’alcoolisme…mais ils en gagneraient certainement beaucoup aussi : les  gens qui seraient sauvés de cette horrible maladie et tout leur entourage. Encore faudrait-il que nos politiques fassent de la politique, qu’ils aient le courage de prendre des décisions, qu’ils ne soient pas comme des girouettes s’orientant au vent des lobbies… Et je ne parle pas de la drogue et des autres addictions (60.000 morts par an en France à cause du tabac… une « petite addiction » à côté, mais comme les lobbies étaient moins puissants de ce fait,  une politique un peu plus volontariste a pu être entreprise…) ;

            -cela ne vous semble-t-il pas drôle que les médias nous parlent quotidiennement de tueurs en série, de gens qui se mettent à tirer dans la foule (de préférence sur des enfants ou des adolescents), de kamikazes qui se font sauter avec leur bombe ? C’est pourtant un double signe d’une société qui a entrepris son autodestruction ; « double » car cela met en évidence deux phénomènes tout aussi préoccupants l’un que l’autre :

                        -la multiplication des actes de ce genre ; après tout me direz-vous, il en a peut-être été toujours ainsi, qu’en savons-nous ? Vous pourrez citer des exemples historiques connus, depuis Néron jusqu’à Jack l’éventreur en passant par Gilles de Rais (ou de Retz) et Bernard Guy[4]… Certes, mais en faisant remarquer que ces « monstres historiques » opéraient tous en période de surpopulation : Néron, je l’ai évoqué mais ça n’est pas avéré, Bernard Guy au quatorzième siècle, Gilles de Rais au début du XVème siècle, fin de la guerre de Cent Ans et de la période d’autorégulation ayant débuté après la surpopulation du début du XIVème siècle, Jack l’éventreur au cours de la période de surpopulation dans laquelle nous sommes encore ;

                        -le développement d’un langage négatif omniprésent ; la description de tueries se vend bien ! Regardez les titres des médias ; l’hémoglobine fait recette, les tueries, les attentats, ou bien encore le langage négatif, la dénonciation des scandales, la bave sur tous les personnages publics, les calomnies et médisances aussi ; « c’est dans la nature humaine » disent certains ; je m’insurge contre cette assertion : j’y vois quant à moi le signe d’une société complètement stressée ne voyant plus que le mal car elle cherche son autodestruction ;

            -un autre signe du mal-être de notre société actuelle est justement le développement des stress ; j’ai signalé plus haut que c’est un mode de régulation qui a été mis en évidence dans les sociétés animales ; comme des cerfs, des centaines de milliers de gens meurent de stress chaque année en France ; le stress a induit chez eux des maladies mortelles : maladies cardio-vasculaires, suicides et maladies mentales, peut-être cancers, etc. ; ce stress induit également un développement de l’agressivité chez certains, un sentiment d’être agressé ou d’insécurité chez d’autres (ou chez les mêmes) ; et qu’on ne dise pas : « C’est mon patron, ou mon entreprise, ou ma famille qui me stressent, qui me mettent la pression… » ; c’est peut-être vrai au premier degré, au niveau du ressenti des individus, mais il s’agit, en fait, d’un gigantesque système auto-productif de stress ; les employés sont stressés par leur entreprise et leurs chefs… les chefs et les directeurs sont stressés par ce qui se trouve au-dessus d’eux… les conseils d’administration sont stressés par les marchés financiers qui ne sont qu’une émanation d’eux-mêmes mais qui n’en sont pas moins générateurs de stress, etc. ; finalement, il faut s’adresser à la cause première : le stress, l’étouffement des individus dans une société surpeuplée… qui pressent son autorégulation en marche… ;

            -bien entendu, le nombre important des suicides est un autre signe ; que les gens soient arrivés à s’autodétruire est bien un signe d’autorégulation en marche,  à l’image de ce qu’on prête aux lemmings quand ils sont eux-mêmes en surpopulation ; je ne sais si ce comportement est avéré pour les lemmings ; il l’est de diverses manières pour les humains ; pire encore, une évolution dans le mauvais sens se dessine ; on ne se suicide plus seul dans son habitation ; on ne se suicide plus en public en se jetant sous un métro ou en s’immolant par le feu ; maintenant, on garde une balle pour se suicider après en avoir tiré une quantité importante dans une foule, d’enfants ou d’adolescents de préférence ; pire encore, on peut devenir kamikaze ; faut-il que des gens soient mal dans la société et dans leur peau pour qu’ils tendent l’oreille à ceux qui leur disent de ceindre une ceinture d’explosifs !...

            -mais il existe encore d’autres formes de l’autorégulation en marche ; l’individualisme forcené en est une ; il interfère avec les phénomènes précédents ; il présente de multiples avatars ; nombre d’adolescents sombrent dans des addictions aux jeux électroniques car la société ne leur offre plus d’ancrage social ; le chacun pour soi devient la règle générale ; il en existe encore de nombreuses autres formes ; le libéralisme (et sa forme extrême l’ultralibéralisme) est une exacerbation de l’individualisme et de la négation de toute vie sociale ; il conduit à faire croire aux individus que la vie est un combat entre entreprises puis entre individus au sein de ces entreprises… la guerre économique… ; et ceux-ci le croient alors même qu’on est en pleine crise de surproduction ; alors que, même avec toutes les futilités et horreurs que nous fabriquons, nous n’arrivons pas à occuper tout le monde ; il conduit aussi à faire oublier toutes les valeurs sociales et sociétales en mettant à leur place un seul étalon, l’argent… Bien entendu, ça ne marche pas car l’Homme est fait pour vivre dans la société de ses semblables, pas dans des conflits  permanents ni dans la seule compagnie de son compte en banque…

            -une dernière forme de l’autorégulation en marche réside dans la construction d’une société de plus en plus fragile baignant dans l’agressivité ; le meilleur exemple, mais non le seul, est celui des systèmes informatiques et de communication ; quelques esprits alarmistes parlent souvent de « grand soir » informatique ou de l’Internet… sans mesurer vraiment combien ils ont raison… ; qui finance et fait fonctionner l’Internet ? Que se passerait-il si un conflit militaire ou économique touchait les points névralgiques de ce fonctionnement ? Dans une société dont les entreprises sont censées être le pivot, que se passerait-il si un conflit  ou une catastrophe arrêtait totalement Internet, fut-ce une semaine ? Comment pourrait on continuer à distribuer la nourriture, l’électricité, l’eau… ? Or on voit régulièrement des pannes, finalement modestes, mais dont on parle comme des pannes de grande ampleur parce que leurs effets sont déjà très sensibles. Quid d’un orage magnétique ou de je ne sais quel phénomène qui paralyserait tout,  même pendant une durée limitée ? Plus nous avançons dans le temps,  plus le monde devient conflictuel et plus sa fragilité croît et est menacée ! Etiez-vous devant un ordinateur le 11 septembre 2001 ? Moi, oui ! Et j’utilisais déjà énormément la messagerie électronique et un peu Internet pour mon travail ; vu de mon ordinateur, ce fut très simple : impossibilité totale de me connecter à partir de l’évènement jusqu’à la fin de journée ; impossibilité donc, à la fois de travailler, mais aussi de savoir par Internet ce qui se passait ; tout était saturé ; je n’ai connu les évènements qu’en reprenant ma voiture et en écoutant la radio ; imaginez aujourd’hui un évènement qui paralyserait tout alors que ces modes de communication sont encore bien plus développés ! Impossible de savoir s’il s’agit d’une panne locale, régionale, nationale, mondiale ! Impossible de savoir s’il s’agit d’un problème technique anodin ou d’une catastrophe dont il faut se préserver !

 

            Quant à l’agressivité, nous baignons dedans au point de ne plus nous en rendre compte. Etre agressé ou se sentir en danger d’agression en est la forme la plus visible mais non la plus grave. Cela va des jeux vidéos dans lesquels sombrent nos enfants, dans leur immense majorité à base de guerres, combats, crimes, etc. jusqu’aux agressions permanentes par les publicités ou les malhonnêtetés. Au rang de ces dernières, on rencontre, pêle-mêle, les publicités qu’on ne peut éviter (dans la rue, dans les médias, ou pire encore sur Internet où tous les sites, y compris ceux des services publics comme la météo, vous balancent au visage des écrans publicitaires occultant d’un seul coup l’information que vous étiez en train de lire…), les appels téléphoniques pour vendre des services ou produits à toute heure du jour, les opérations commerciales en tous genres (dont il faut lire chaque ligne pour se rendre compte où le piège est caché), les SPAM, etc. Bien entendu, les virus informatiques sont une autre forme d’agression. Il va sans dire que le culte de la compétition, l’idée que la vie est un challenge, la volonté depuis l’école d’être le meilleur, sont des inepties qui font partie de cette agressivité omniprésente…

 

L’un des piliers de tout ceci est le célèbre « Time si money ! », « Le temps, c’est de l’argent ! ». Non ! Le temps n’est en aucun cas de l’argent ! Le temps est l’essence même de la vie humaine dont nous pouvons être privés à tout moment. L’argent est un moyen d’échange qui devrait faciliter la vie en société et qui, de plus en plus, la pourrit. On devrait respecter et préserver la vie et mépriser l’argent qui n’est qu’un vil moyen d’échange. On en est loin ! De plus en plus loin au fur et à mesure que le mal-être de notre société croît !

 

            Tous ces phénomènes pourraient être considérés comme une « simple décadence » de notre société du XXIème siècle. De mon point de vue, c’en est effectivement une. Mais il faut justement s’interroger sur ce qu’est la décadence d’une civilisation. Ne serait-ce pas justement cette partie du cycle que j’ai décrit au début, quand la société en question prospère à un tel point qu’elle entre en surpopulation ? La décadence romaine, pour ne citer qu’un exemple précis, ne serait-elle pas aussi le résultat d’une société qui, grâce à la « paix romaine », aurait vu sa population s’accroître de façon excessive jusqu’à ce point où elle s’est autodétruite, dans ce cas précis, où elle s’est privée progressivement des moyens de se défendre des agressions extérieures ? C’est une question que je pose. Je ne dispose pas des éléments historiques qui permettraient d’y répondre. Elle est cependant bien troublante !

 

            Mais direz-vous, « à quoi bon écrire tout ça, que ce soit exact ou non, si c’est inéluctable ? ». Et bien non ! Ça n’est inéluctable que si nous subissons sans réagir. Ou encore pire si nous réagissons par une surenchère de l’agressivité…

 

            En fait, nous n’avons le choix qu’entre deux possibilités : soit nous laissons faire (comme ça a toujours été le cas), et nous  plongeons tôt ou tard dans des horreurs qui ont déjà commencé…, soit nous opérons une prise de conscience et nous réagissons… La tâche est certes titanesque mais il existe de nombreuses voies pour commencer à réagir.

 

Ni ange, ni bête, certes, mais nous pouvons commencer enfin à être des êtres humains conscients et responsables ! Pour le moment, nous sommes des bêtes ! Vous n’allez pas me dire que des humains qui seraient conscients et responsables continueraient, une seule seconde, à fabriquer des armes de destruction massive, à piller la planète au détriment des générations qui suivent, à détourner les moyens de santé ou la production de nourriture pour le seul intérêt mal compris de sociétés cotées en Bourse ou d’infimes minorités, à transformer la sexualité en une marchandise !!!…

 

Au niveau philosophique, une autre manière de présenter les choses peut être la morale, c’est-à-dire les notions de Bien et de Mal. Et si quelque part, le Bien était tout simplement de se comporter en être humain conscient et responsable, quitte à aller à contre-courant d’une majorité qui n’en est pas là ? Si le Bien consistait à lutter contre toutes les formes de violence et d’individualisme qui nous rongent et non à aller « casser de l’Afghan » comme le prétendait Georges Bush ?

 

A noter également que l’on rejoint aussi la notion de « Progrès ». Pensons nous encore sérieusement que le Progrès réside dans la fabrication de gadgets électroniques ou informatiques de plus en plus sophistiqués ? En revanche, j’adhère totalement à une notion de Progrès qui viserait à faire avancer l’Humanité dans une voie qui enraye ou, à  tout le moins, minimise son autodestruction en  marche ! Un Progrès qui consisterait tout d’abord à nourrir les gens qui ont faim, en commençant par ceux qui sont à proximité de nous ? Des millions de gens ont faim en France (si vous ne le croyez pas, consultez les Restos du Cœur…). Ne croyez vous pas qu’il serait judicieux de commencer par nourrir ceux-ci au lieu d’aller prêcher la lutte contre je ne sais quel régime dictatorial du Tiers-Monde ? Ne croyez-vous pas qu’il serait sain de continuer en disant tout le mal que  nous pensons des drones au lieu de les considérer comme un progrès et de dire qu’il faut être à la hauteur et en faire de « meilleurs » (=qui tuent mieux !) que les autres ?

 

Mais alors, que peut faire un individu isolé ? Il faut ordonner les choses autant que possible.

 

Comme la cause première est la surpopulation, nationale et mondiale, il nous faut tout d’abord lutter contre. Et comme le but est justement de se comporter en être humain, il ne s’agit certainement pas d’utiliser des méthodes trop brutales. Il existe des quantités de manière d’agir pour aller dans le bon sens, à partir du moment où l’on considère la surpopulation comme  la cause première :

-tout d’abord faire connaître largement le problème, c’est ce que je m’efforce de faire par mes écrits (et mes paroles)…

-ensuite, dénoncer toutes les  croyances périmées qui incitent à avoir des naissances : et quand je dis « croyances périmées », je ne pense pas tout d’abord aux croyances religieuses ; il faut dire clairement que l’affirmation de nombreux économistes sur la nécessité d’une croissance de la population est une imbécilité, il n’y a pas d’autre mot… ; en effet, faire croire qu’il faudra des « bras en plus » pour payer les retraites (ou je ne sais quoi d’autre) est totalement absurde ; prenons enfin conscience que ces « bras en plus » ne pourront qu’alimenter pour une bonne part les listes de chômeurs ; il faudrait des « bras en plus » pour nourrir les « bras en plus » inoccupés… quelle assertion ridicule ! Si vous analysez bien les arguments des économistes à ce sujet, vous constaterez que ce sont les mêmes qui conduisaient et conduisent encore parfois les sociétés traditionnelles à pousser à la natalité ; ces arguments fondés sur la survie de sociétés à forte mortalité infantile et où les enfants restaient dans l’environnement des parents ne riment plus à rien dans notre monde ; les religions qui défendent d’une manière ou d’une autre la natalité ne font que du suivisme vis-à-vis de cela ; mais les prendre de front serait une erreur… ; leurs enseignements à ce sujet ne pourront que tomber d’eux-mêmes quand une vision claire de cette question aura été donnée au plus grand nombre ;

-dire aussi que la « science économique », non seulement n’est pas une science, mais qu’elle est fondée sur des hypothèses fausses ; à ce sujet, on pourra se reporter au « Principe de générosité » ;

-alors peuvent venir des mesures techniques ; réduire les incitations à avoir des enfants en est une…mais attention, ne tombons pas dans la malhonnêteté généralisée dans laquelle vit notre système ! Pour qu’un Etat puisse avoir la confiance des citoyens, les engagements pris doivent être tenus ; ceux qui ont eu des enfants sous certains engagements, allocations familiales par exemple, doivent continuer à les percevoir ; il ne faut pas faire comme pour les retraites où des gens embauchés avec un certain contrat (donnant entre autres une durée de travail) se sont vu annoncer au moment de partir que la règle du jeu avait changé ; et ne dites pas comme tous le monde « on n’avait pas l’argent » alors qu’il ne s’agissait que d’une pure lâcheté de la classe politique dans son ensemble, préférant renier les engagements de l’Etat que de le prendre là où il est… (et il est à la fois chez les spéculateurs ou les banques que chez les entreprises et chez les actifs cotisant…, la lâcheté était vis-à-vis de tous ces acteurs à la fois…) ;

-bien entendu, donner toutes les facilités pour limiter les naissances, contraception et information sur celle-ci notamment est primordiale, non pour je ne sais quelle « sexualité plus confortable » mais en premier lieu pour réduire la population ;

-et ça peut marcher ! Et même beaucoup plus vite qu’on pourrait le penser ! L’exemple nous vient du Japon ; il n’est certes pas question pour nous Français de prendre les modes de fonctionnement de ce pays à la culture trop différente ; actuellement, les Japonais sont critiqués et méprisés par les économistes justement parce que le taux de fécondité par femme est extrêmement faible, que la société japonaise est de ce fait vieillissante et que la population décroît rapidement ; j’ai même lu récemment un article qui poussait le mépris jusqu’à dire que dans cette situation, ils ne voulaient « même pas recourir » à l’immigration ; il font tout ce que nous devrions tous faire sur la planète et, au nom d’une conception aberrante, ou plutôt cupide, de l’argent, c’est nous qui essayons de les pousser à changer ! Un comble !

-à noter que la réduction de la population peut quand même poser de véritables problèmes d’éthique ; je n’en évoquerai que trois, sans les traiter vraiment :

            -la société chinoise vit actuellement dans le « système de l’enfant unique » ; je ferai remarquer que sur ce problème de la surpopulation, elle est en avance sur nous, même si c’est d’une autre manière que le Japon ; par contre, il y a à dire sur la méthode (et sa réalisation qui semble ne pas marcher vraiment bien…) ; beaucoup de gens (chez nous en tout cas) hurlent après le mépris des Droits de l’Homme que cela implique ; chaque femme et chaque couple devrait « avoir le droit » d’avoir les enfants qu’il veut ; sans prendre parti, j’apporterai juste une réflexion au débat ; la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 indique : « Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. » (texte pris sur le site du  Ministère de la Justice) ; s’il est avéré que la surpopulation nous conduit à une monstrueuse autorégulation passant par la mort d’une  grande partie de la population, y compris des enfants nés de l’incitation aux naissances ou du laisser-faire, on peut en effet se demander s’il ne faut pas des mesures coercitives pour limiter un peu plus les naissances au sein d’un couple ; mais je me garde de juger ici, chacun en pensera ce qu’il voudra ; on ne m’empêchera pas de penser à titre strictement personnel que le système chinois est pour le moins maladroit et ne semble pas conduire au résultat souhaité… mais de là à le stigmatiser comme font certains chez nous, nous ferions de toute façon bien mieux de balayer devant notre porte avant de nous mêler de ce qui se passe chez les autres !… Nous prétendons militer contre le racisme : commençons donc par ne pas considérer que nous sommes meilleurs !

            -comme je l’ai évoqué par ailleurs, l’homosexualité est un facteur naturel de limitation des naissances qui semble se développer chez certaines sociétés animales en surpopulation ; j’ai l’impression qu’actuellement, elle se développe fortement dans nos sociétés dites « occidentales »[5] ; si je ne pense pas que ce soit un mal (ni un bien…), je ne dis pas qu’il faut l’inciter ; il s’agit ici aussi d’un problème d’éthique (et peut-être de politique) qui dépasse complètement le sujet que je traite ici ; je note cependant qu’il semblerait qu’elle se soit également développée à  la fin de l’Empire  Romain ; cela militerait pour la croyance à une surpopulation de cette société à cette époque…mais je manque totalement d’arguments solides pour aller plus loin, une piste tout au plus…

             -enfin, au niveau strictement français, il est bien évident qu’il serait totalement absurde de limiter la croissance de la population française si c’est pour continuer à avoir une politique d’immigration laxiste qui conduit à continuer à faire croître la population sur notre sol… ; pour nous autres en France, c’est même peut-être par là qu’il faudrait commencer…, d’autant plus qu’il apparaît que nous sommes de moins en moins capables d’intégrer réellement dans notre population les nouveaux arrivants, dont le flux est trop important… Et c’est bien là le nœud du problème : il faudrait certainement avoir des positions sur l’immigration qui, au lieu d’être fondées soit sur la haine raciste, soit sur une sentimentalité voulant ne faire de peine à personne, soit encore sur une volonté de faire venir de la main d’œuvre à bas prix alors que nous croulons sous le chômage, graviteraient autour de l’examen de la capacité de notre société à la fois à réduire sa surpopulation et à intégrer les immigrants.

 

Pour terminer sur ce point de la diminution délibérée de la population comme un choix politique, une remarque essentielle. Qu’on ne me taxe pas de fascisme et qu’à l’inverse, mes arguments ne soient pas récupérés par des fascistes ! Le fascisme, qu’il soit de droite ou de gauche (car il existe des « fascismes de gauche », ni meilleurs ni pires que les autres) est justement une de ces monstrueuses créations de l’homme pour s’autoréguler. Il a toujours conduit à des massacres, des génocides, des crimes contre l’Humanité et d’autres abominations, l’autorégulation animale dans toute son horreur ! Pire même, car l’homme est la seule « espèce animale » qui soit capable de tuer ses semblables systématiquement et avec sadisme…  C’est donc pour l’éviter que je développe tout ceci. Mais il est bien évident que ce n’est pas par de la mollesse, par notre extraordinaire mollesse politique actuelle que nous arriverons à l’éviter, bien au contraire ! (quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place, je ne vise en particulier aucune formation politique ayant eu le pouvoir ces dernières années, elles sont toutes plus molles les unes que les autres…). Il faut des mesures fermes et appliquées, de vraies politiques en un mot… Elles ne sauraient faire plaisir à tout le monde tout le  temps…mais elles ne seraient sans doute pas plus déplaisantes que les absurdités économiques et financières actuelles ! Et être ferme est justement le meilleur moyen de contrer le fascisme, car c’est là l’argument de choc qui lui permet de faire des émules : l’impression d’avoir (enfin) des dirigeants qui prennent des décisions, sans se rendre compte de la nature des décisions qui seront réellement prises et parce que personne d’autre ne présente un programme de décisions fermes mais allant dans le bon sens… Le fascisme ne doit pas avoir le monopole de la fermeté !

 

Si la réduction, aussi « soft » que possible, de la population est la seule voie à long terme pour s’en sortir, il y a bien d’autres choses à faire d’urgence pour éviter le pire. En gros, il s’agit à la fois de faire de vraies politiques (et non de la démagogie pour être réélu) et de lutter contre tous les symptômes de l’autorégulation qui arrive à grands pas, symptômes que j’ai évoqués plus  haut. Alors, je citerai « en vrac » et sans exhaustivité des voies qui sont toutes à prendre.

 

Tout d’abord, enrayer la destruction planétaire en marche, destruction planétaire par l’épuisement des ressources en énergie, en eau, en terres cultivables, etc. par la pollution et les gaz à effet de serre, etc.

 

Pour ce  faire, il faut des politiques globales, mais en premier lieu s’affranchir de cette notion stupide de croissance…, la décroissance n’ayant pas plus de signification... Les hommes sont broyés par un système qui prend en compte l’argent à leur place. Il faut les remettre au centre du système ! La Terre est menacée à court terme par l’épuisement de ses richesses. Toute réduction de cette exploitation forcenée est bonne à prendre, et cela ne va en aucun cas dans le sens d’une croissance…

 

Et tout d’abord, briser un cercle vicieux ! Je l’ai expliqué dans une petite fiche de mon site Internet, croissance (au sens que les économistes donnent à ce terme) et chômage sont liés structurellement. Si l’un croît, l’autre décroît. Qu’on ne s’y trompe pas pour autant, la croissance au sens économique, c’est aussi la croissance du pillage des ressources terrestres, la croissance des gaz à effets de serre…et même la croissance de la population puisque les économistes nous expliquent que la population doit croître pour avoir une économie saine (j’ai déjà abordé ce point plus haut). A l’opposé, le chômage n’est un malheur que parce que le chômeur est stigmatisé et privé de moyens. Il n’y a aucun péril pour la société à laisser décroître la population active, à partir du moment ou l’inoccupation n’est plus considérée comme une tare pour l’individu ou la société.

 

Sur une Terre qui prépare notre régulation, c’est-à-dire une mort prématurée d’une grande majorité d’entre nous, par une combinaison indéterminée de guerre, épidémie, famine, pollution, etc., il  est  bien évident qu’il  est urgent de limiter le pillage des ressources et qu’il n’y a que deux manières, complémentaires, de procéder : faire décroître la population (mais ça ne pourra qu’être long si l’on veut éviter le pire) et réduire les productions et consommations inutiles au plus vite (donc non pas rechercher la décroissance pour elle-même, mais décroître si c’est nécessaire et urgent).

 

Ce que je dis ci-dessus implique que l’on ait encore beaucoup plus de gens inoccupés que l’on en a actuellement. C’est un énorme problème de société… surtout si l’on considère comme beaucoup actuellement qu’être chômeur est dégradant, qu’être chômeur implique d’être privé progressivement des moyens de vivre, que le travail est un devoir sacré. A ce propos, dans notre société judéo-chrétienne, certains ont tendance à considérer que le travail est une obligation morale et religieuse… Qu’ils relisent leur Bible, ils n’auront pas loin à aller ! « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » est au tout début. Dans ce texte, il s’agit d’une punition de Dieu. Si notre société s’organise pour que chacun ait moins de travail, pour que  les gens  inoccupés conservent les moyens de vivre, cela ne va pas à l’encontre de cette parole divine pour ceux qui la considèrent comme telle. Personne n’a jamais dit que nous devons aggraver spontanément notre propre punition ! Bien au contraire,  le même Dieu est censé avoir enjoint à l’Homme : « Tu ne tueras point ». Donc une fois « le pain de tous gagné », il est beaucoup plus respectable vis-à-vis de ces commandements d’être chômeur (ou retraité)… que de fabriquer des armes.

 

Bien entendu, cela implique une réorganisation totale de la société. En particulier, cela commence par remettre l’argent à sa vraie place de moyen d’échange, donc d’arrêter tous les systèmes financiers et commerciaux pour mettre en  place un vrai système de distribution, et cela ne se fera pas sans conflits. Cela implique aussi d’inventorier toutes les tâches inutiles ou nuisibles: la fabrication d’armes (tant que nous ne serons pas sortis de la surpopulation qui conduit à l’autorégulation, il faudra maintenir des moyens défensifs suffisants… mais maintenir des bases dans le monde entier, aller nous mêler des problèmes des Afghans ou des pays arabes, fabriquer des bombes atomiques et maintenir tout le système permettant de les utiliser pour massacrer des dizaines de millions de civils ne sont en aucun cas des moyens défensifs !), la publicité, sous toutes ses formes mais en particulier sous ses formes les plus agressives comme les démarchages téléphoniques ou électroniques, etc. Et qu’on ne dise pas que la publicité est nécessaire à la croissance car c’est justement cette croissance là qui accélère le pillage des ressources de la planète ! Il faut briser le cercle vicieux ! Si l’on veut s’en donner la peine, il y a encore des quantités de tâches inutiles à traquer… au lieu de rechercher les économies à faire dans des domaines comme l’éducation, la culture, la santé ou les soins aux personnes âgées (dont on passe les maisons de retraite sous un régime privatisé agressif qui augmente les tarifs en diminuant les personnels…).

 

Et comme ce que j’écris n’est pas fasciste mais vise au contraire à enrayer le fascisme, je ne prône en rien la révolution ! La révolution telle qu’elle est dans notre inconscient collectif est un conflit de plus, une autorégulation de plus, tout le contraire de ce que je recommande ! Il s’agit, avec tous les moyens légaux dont nous disposons et avec une extrême fermeté, d’aller dans le bon sens. Cela peut bien entendu passer par des changements de constitution, par la neutralisation de la corruption par une politique pénale exemplaire, par bien d’autres choses encore. S’il faut construire des prisons, construisons-les !... avec l’objectif qu’elles redeviennent le plus rapidement possible vides car nous aurons réussi à reprendre le dessus sur une corruption et une criminalité rampante ! Mais cela passe surtout par une éducation qui aille dans le bon sens. Tuer n’est pas un élément de la vie courante même si les jeux vidéos accréditent cette idée. Le civisme, c’est faire comprendre aux enfants que les impôts servent à faire vivre la société (difficile tant que la totalité des impôts sur le revenu passe dans le paiement aux banques des intérêts de la dette !), que la police est là pour les protéger, non pour les opprimer, que la loi est le ciment de la société et est faite pour être respectée, que la vie n’est pas une compétition,… ça n’est pas d’expliquer comment fonctionne un système électoral complexe ou un système européen ténébreux dans lequel seul le Parlement est élu alors que ce n’est pas lui qui prend les décisions… En tout cas, il ne faut surtout pas commencer par ce dernier point !

 

Un des corollaires est bien entendu d’abaisser l’âge de la retraite et de faciliter les départs anticipés, tout le contraire de ce qu’on fait actuellement ! A partir du moment où l’on découple production et fourniture des moyens de vivre aux gens, en remettant les circuits financiers à leur place, notre société a tout à gagner à produire le moins possible : cela évite le gaspillage de la planète. Dans cette optique, un jeune retraité qui sait s’occuper est bien plus utile à la société qu’un vieil actif qui produit des inepties comme la dernière génération de gadgets électroniques !

 

Un autre corollaire est de sortir du libéralisme (à commencer par l’ultralibéralisme mais en allant plus loin). Et ça ne veut pas dire sombrer dans le dirigisme aveugle, il faut trouver un juste milieu. Il est urgent de clamer haut et fort que la main invisible d’Adam Smith n’existe pas, ou bien encore qu’elle est la main du diable, car elle conduit d’une société humaine à un système aveugle et automatique ainsi qu’à l’individualisme, qu’elle remplace l’Homme (la main) par l’argent (les marchés, nébuleuse mal définie et opaque mais qui serait le « Dieu » des temps modernes…). L’individualisme est une conséquence de la surpopulation mais est aussi une plaie de notre société qui se développe très vite ; il est un moyen de conduire à la pire des autorégulations, celle de la jungle dans laquelle les plus faibles se font dévorer ou meurent de faim ! Le libéralisme et l’individualisme ne doivent pas être confondus avec la liberté… ils ne sont que la liberté des plus fort d’opprimer et d’exploiter les plus faibles. Il est tout aussi urgent de clamer que le temps n’est pas de l’argent, que c’est bien plus, que c’est l’essence même de la vie alors que l’argent n’est qu’un moyen qui devrait servir à aider celle-ci.

 

Mais finalement, ceci n’est pas le pire problème. Il semble qu’il soit déjà plus ou moins traité dans certains pays de manière ou d’autre. A titre d’exemple, on peut citer le système de santé britannique, qui s’effiloche paraît-il, mais qui distribue (ou distribuait ?) des soins gratuitement. On peut citer la distribution gratuite de la nourriture et des soins à Cuba, pays dont le système politique ne nous plaît pas… tout d’abord parce que, n’étant pas dans le même camp que nous, il a été et est encore la cible d’une propagande forcenée orchestrée par tout notre système médiatique. Il y a peut-être des  prisonniers politiques à Cuba… mais pas de Restos du Cœur car tous les gens y ont de quoi manger… Que vaut-il mieux, être  prisonnier politique à Cuba ou torturé par la CIA (ou sous son impulsion), comme ça a été le cas dans tout le reste de l’Amérique latine il n’y a pas si longtemps, ou, plus récemment, avec les prisonniers de Guantanamo ? La réponse est, bien entendu : « Ni l’un, ni l’autre… mais regardons surtout ce qui marche et gardons nous de critiquer tant que des gens ont faim et souffrent chez nous… ».

 

A partir du moment où l’on se décidera à réorienter notre société de la manière que j’indique (et c’est dans l’air mais arrivera sans doute bien trop tard), le pire problème est peut-être celui de  l’occupation des gens. « L’oisiveté est la mère de tous les vices » dit-on… et ça n’est pas faux. Le problème n’est pas de nourrir les chômeurs, dès lors qu’on met en place un système de distribution correct, mais bien qu’ils aient des occupations. Cela n’est pas aussi facile qu’il y paraît même s’il existe bien des pistes. La première est d’avancer l’âge de la retraite… en supposant que les retraités sauront s’occuper eux-mêmes… tout le contraire en tout cas de ce à quoi nos stupidités économiques et notre esprit de lucre nous conduisent ! Mais il en existe bien d’autres. Par exemple, on pourrait développer les  infrastructures culturelles et sportives, augmenter le personnel dévolu aux soins aux malades et aux personnes âgées. Tout le contraire, là encore, de ce à quoi  le système libéral nous conduit (j’écris bien « libéral » et non « ultralibéral », pourquoi se cacher derrière son petit doigt ? C’est bien le libéralisme, ultra ou pas, qui produit tous ces effets pervers… Je ne dis pas pour autant que le système communiste tel qu’il a existé dans de nombreux pays est mieux, il conduit également et par des voies finalement peu différentes à la même monstrueuse autorégulation… mais ça n’est  pas mon sujet de l’analyser ici). Il faut donc trouver de nouvelles voies… Avons-nous la prétention d’être des créatures capables de « Progrès » ou non ? Le « Progrès » consiste-t-il à créer de nouvelles tablettes graphiques ou bien à  soustraire l’Humanité aux principaux maux auxquels elle est confrontée, à commencer par la guerre, la faim et les épidémies ? (mais également le stress, l’agressivité, les addictions, etc. tout est lié…).

 

Le « panem et circenses » (« pain et jeux » -du cirque- de Juvénal), décrit par dérision, cache peut-être une réalité très profonde. Si les empereurs romains avaient besoin de s’attirer la bonne grâce du peuple en distribuant l’un et organisant les autres, c’est peut-être parce qu’ils étaient confrontés à la même problématique: nourrir et occuper une société surpeuplée et en partie oisive pour limiter son agressivité autodestructrice. Que cela soit ou non, il est probable qu’une voie d’avenir pour nos hommes politiques sera sans doute de trouver comment mettre à disposition le « panem et circenses » à la mode des temps modernes…

 

Finalement, comme nous avons sombré dans l’individualisme, justement à cause de la surpopulation, le problème est d’abord un problème de choix individuel. Voulons nous être des hommes dans une société en progrès qui assure l’avenir de nos enfants (pas trop nombreux…) et celui de notre planète… ou des animaux qui vont tomber les uns après les autres ou tous en bloc à l’abattoir de l’autorégulation ? Si nous voulons être des hommes responsables, il faut commencer par choisir sa voie mais abandonner les petits calculs du genre « si je vote pour la pérennité du système, comme j’ai de l’argent et que je sais me débrouiller, je serai plus malin que les autres et tirerai mon épingle du jeu ». Il faut commencer par dire haut et fort ce que je dis ou à peu près… Il ne faut pas avoir peur des réformes de fond qui peuvent bouleverser notre société et peut-être un peu à notre détriment… Ce n’est même pas par générosité ou altruisme, mais parce que si nous ne faisons rien, notre sort, celui de nos enfants et de notre planète risquent d’être pires. La Syrie, l’Egypte, la Libye, la Tunisie, l’Afghanistan, le Mali, la République Centrafricaine, le Nigeria, l’Ukraine, etc. tous ces pays explosent les uns après les autres et ces « avènements de la démocratie » à notre sauce se révèlent être des endroits de chaos où des oppressions tentent de se mettre en place. Quel orgueil de croire que ça va s’arrêter là et que notre monde occidental ne sera pas touché ! Les prémices sont là, révoltes de banlieues, développement de la pauvreté, centaines de milliers de gens qui ont faim et dont le nombre croît, attentats et tueries aveugles, drogue, alcoolisme et addictions, crises économiques dans des pays voisins...

 

Alors, ni anges, ni bêtes, certes, mais Hommes responsables qui auront à cœur d’empêcher l’autorégulation qui plane au-dessus de nous et se rapproche? Ou bien gens près de leurs sous qui mourront en serrant leurs trésors dans leurs bras, s’ils ont encore des trésors à ce moment ? En tout cas, la frilosité n’a pas sa place car c’est elle qui conduit au pire !



[1] Pour la seule campagne de Russie, 400.000 personnes au départ, 20.000 à l’arrivée… 380.000 morts parmi les français sans compter les Russes et les populations civiles des zones traversées !

[2] Je multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel… » (Yahvé à Isaac, Genèse 26,4)

[3] Chiffres fournis par des spécialistes lors de formations professionnelles destinées aux cadres de direction de diverses entreprises publiques ou privées.

[4] Le grand Inquisiteur du début du quatorzième siècle qui fit brûler vives environ 650 personnes sans parler de tous ceux qu’il fit « simplement » torturer… et qui écrivit un manuel de l’Inquisiteur pour former ses « successeurs » et ses sbires… (toujours en vente dans une version en français si vous avez envie de vous informer et n’avez pas peur des cauchemars…).

[5] A titre de référence, on pourra notamment se reporter à Montaillou, village occitan de 1294 à 1324 d’Emmanuel Le Roy Ladurie, dans lequel l’analyse de détail qui est faite ne met en évidence qu’un cas, incertain, d’homosexualité, sur une population relativement nombreuse.