L’écologie est un cheval de
bataille de beaucoup de gens ! Il y a des partis politiques baptisés écologiques.
Il y a des écologistes qui sont des représentants de ces partis et des noms
vous viennent certainement à l’esprit immédiatement… Mais pourriez-vous citer
de mémoire le nom d’un seul scientifique travaillant dans cette discipline
actuellement ? J’écris bien « scientifique », chercheur, professeur
d’université, prix Nobel, ou autre, pas un de ces journalistes scientifiques ou
de ces cinéastes qui en ont fait leur fond de commerce sans avoir réellement
approfondi la question, même si leurs actions vont parfois dans le bon sens…
s’ils n’abusent pas trop des moyens aéroportés et polluants. S’ils n’abusent
pas non plus de l’imprégnation par l’homme d’espèces animales présentées
ensuite comme si elles étaient « sauvages » alors que les
individus concernés sont devenus quasi-domestiques !
Personnellement, parallèlement à
mon cursus normal, j’ai étudié l’écologie en fac en 1971/1972 au niveau du DEA
(Bac+5). Il s’agissait d’une science qui, pour son malheur, commençait à
devenir à la mode. Les scientifiques qui la pratiquaient et l’enseignaient
étaient dénommés « écologistes », aucun doute là-dessus. Le sujet est
devenu tellement brûlant que certains ont voulu en faire une arme politique
pour sauver la planète… qui, au demeurant, en a bien besoin... Les étudiants
« post-soixante-huitards » avec qui j’étais, tout comme une bonne
partie de nos enseignants, étaient très remontés et voulaient agir. Il s’est
donc créé des « partis écologiques ». J’écris « des » car,
suivant les moments, il en a existé, un, parfois deux voire même trois… Progressivement,
les écologistes scientifiques ont été habilement « poussés » dehors
ou ravalés au rang de conseillers de second rang. Au mieux les a-t-on rebaptisé
« écologues », ce qui n’est pas absurde car il y avait déjà des
« géologues », des « climatologues »… et bien d’autres…
mais aussi des « paléontologistes », etc. Cela présentait le grand
avantage de donner une couleur scientifique à des politiciens qui, très souvent,
n’avaient aucune connaissance de ce genre, ou si peu… Ou plutôt, certains grands
scientifiques ayant levé les premiers l’étendard de l’écologie politique, les
arrivistes qui ont suivi se sont habilement glissés dans ce costume qui leur
plaisait… même s’il est toujours resté quelques scientifiques parmi eux,
rarement les plus en vue…
Quand on n’y connaît rien, autant
se glisser dans les moules existants, surtout s’ils sont à la mode. Comme
l’économie en était un autre, on a voulu faire un mélange des deux,
s’intéressant à une « économie de la nature » qui n’existe pas, je
l’ai déjà signalé dans mon essai « le Principe de Générosité »,
ailleurs sur le présent site. On va voir de nouveau qu’elle ne correspond à
rien dans la suite de la présente fiche… Pourtant, dès 1972, j’ai entendu
certains de mes condisciples en écologie, à la suite de « pontes » de
la discipline, dire qu’il fallait faire rentrer la nature dans le calcul
économique. Des choses aussi stupides que le « principe pollueur
payeur » ont été inventées par ces gens à cette époque. A une époque où
l’hyperspécialisation prévalait déjà, tous ces gens, fort sensés, intelligents
et plein de bonnes intentions n’avaient pas les bases mathématiques (ni même souvent
économiques) pour se rendre compte qu’il y a un schisme complet entre les
pratiques des deux[i]. Pour
faire rentrer la nature dans le calcul économique, il aurait fallu que celui-ci
intègre des modes de calcul non linéaires, les phénomènes à seuil, les effets
en retour (feed-back), etc. Si tel était le cas, après tout, pourquoi pas… si
ce n’est pas tenter de faire ce qui a rendu le mathématicien Cantor fou :
faire rentrer le tout dans une de ses parties (pour Cantor, sauf erreur,
c’était vouloir que l’ensemble de tous les ensembles soit un ensemble, ce qui,
philosophiquement, revient à peu près au même…). Je note au passage que si le
calcul économique se dotait d’instruments sérieux pour cela, il s’épargnerait,
en dehors de toute écologie, les graves crises que l’on connaît périodiquement
depuis 1929 et avant et qui semblent bien le choc contre des phénomènes à seuil
ou des effets en retour non pris en compte dans les calculs…
Mais trêve de philosophie, je ne
parlerai pas ici d’ours ou de pesticides, peu du nucléaire, tous sujets qui
fâchent… Je me contenterai d’analyser quelques détails de notre vie courante
qui montrent bien où nous en sommes, ou plutôt dans quoi nous avons sombré… Il
ne s’agit pourtant que de petits détails par rapport à l’étendue du problème
d’une société qui a accumulé les moyens de s’autodétruire, mais ils sont déjà
tellement riches d’enseignements si l’on veut les méditer un peu.
Du
mercure, des thermomètres médicaux et des ampoules à économie d’énergie…
Est-ce à la suite d’une directive
européenne ou d’une initiative française, je crois que la première hypothèse
est la bonne, mais peu importe ! Il y a quelques années, nous avons connu
une campagne contre les thermomètres médicaux à mercure. Vous vous rendez
compte ! Chaque français était doté d’au moins un thermomètre à mercure.
Il s’en cassait, cela libérait dans l’environnement du mercure, métal lourd
hyper toxique et polluant. Quelle horreur ! Heureusement, des firmes
prêtes à voler au secours des pauvres français pollués avaient inventé des
thermomètres électroniques. Vite ! Il fallait opérer le changement.
Acheter des millions de thermomètres à ces firmes doués d’un altruisme hors du
commun… et faisant des millions d’euros de bénéfices au passage… J’ignore si
une structure de récupération des thermomètres à mercure abandonnés a été mise
en place. La question était pourtant d’importance car on risquait de décupler
la pollution par le mercure si on les mettait purement et simplement à la
poubelle… En tout cas, je me suis doté de thermomètres électroniques et n’ai
rien vu de semblable, n’ai reçu aucune sollicitation pour déposer mes anciens
thermomètres dans un système adéquat…
Récemment, je me suis senti un peu
fiévreux. J’ai donc voulu prendre ma température. Je me suis emparé de mon
thermomètre électronique. Las, la pile avec laquelle il fonctionne s’était
déchargée. Une pile au lithium pourtant… Mais au fait, le lithium est aussi
dangereux dans son genre que le mercure et un tel thermomètre doit en
consommer. Et puis, c’est agréable, quand on n’est pas en forme, de courir
après une pile ou un thermomètre qui marche ! Bon ! Je vous
rassure ! Je me suis emparé d’un de mes bons vieux thermomètres à mercure
que je n’avais même pas jeté dans la nature et j’ai pu constater que je n’avais
guère de fièvre…
Simultanément, car rien n’arrête les
« bonnes intentions » quand elles peuvent rapporter beaucoup d’argent
à ceux qui les affichent, il est apparu que les ampoules à filament
consommaient beaucoup d’énergie et qu’il fallait donc les faire disparaître.
Une date à partir de laquelle il était interdit d’en vendre a été arrêtée. Des
ampoules à basse consommation ont dû être inventées… et, par le plus grand des
hasards, elles venaient de l’être et contenaient du mercure qui ne devait plus
être aussi polluant quand on casse l’ampoule que quand on casse un thermomètre.
Bon, vous savez, il y a tellement peu de mercure dans une ampoule… On ne va
quand même pas s’arrêter à un tel détail. Vous n’allez quand même pas
pinailler… même s’il y a énormément plus d’ampoules allumées que de
thermomètres médicaux en cours d’utilisation. Comment, le calcul n’a pas été
fait ? Il a certainement été fait par les firmes qui fournissent du
mercure et qui font du lobbying auprès de ceux qui font les lois… mais vous ne
voudriez quand même pas qu’elles rendent le résultat public ? S’il s’en
trouve encore, de « vrais écologistes-écologues » pourraient y trouver
à redire !... Alors que là, bien
conditionnés par le fait qu’il y a « économie d’énergie », ils ont
tous crié à l’unisson qu’il fallait passer à ce mode d’éclairage. Subsidiairement,
ces ampoules à basse consommation ne rendaient pas du tout les mêmes services
que les autres. Par exemple, elles mettaient un temps très long avant de
fournir la quantité nominale de lumière qu’elles devaient fournir. Vous n’allez
quand même pas me dire que vous n’êtes pas prêts à descendre le premier étage
de ceux que vous avez à descendre dans une semi-obscurité parce que la
minuterie allume une telle ampoule ! Vous habitez au premier ? Vous
risquez de vous casser une jambe ? Allons-donc ! Vous n’avez quand
même pas la mesquinerie de ne pas vouloir prendre un risque pour économiser un
peu d’énergie ? C’est bon pour la planète !
Pour le malheur des marchands de
mercure, les leds sont apparues très vite sur le marché. Elles sont encore plus
économiques, et je ne crois pas qu’elles contiennent des substances toxiques.
L’histoire ne dit pas combien elles coûtent réellement en énergie pour être
fabriquées (je ne crois pas me tromper en écrivant de mémoire qu’il faut du
silicium et peut-être un métal des terres rares qu’on ne trouve en abondance
qu’en un seul endroit au monde pour les fabriquer, mais tout cela ne pollue pas
trop). Celles qui ont été commercialisées en premier étaient extrêmement
nocives pour les yeux à cause de la quantité de rayonnement ultraviolet
qu’elles émettaient mais c’est broutille au regard… du marché qui s’ouvrait aux
entreprises qui en fabriquent… Vous ne voudriez pas qu’on se soit préoccupé du
public ? Ce serait alors amorcer une vraie réflexion écologique, faire de
l’écologie humaine… De toute façon, « il se dit » qu’on aurait
remédié à ce défaut mineur qui devait tous nous rendre malvoyants à terme… où,
je ne sais pas, j’ai « entendu dire que »… chez des vendeurs de leds
peut-être…
Du
diesel, de l’essence et des voitures électriques…
Il y a une cinquantaine d’années,
les moteurs des voitures et camions fonctionnaient avec de l’essence ou du
gas-oil, surtout de l’essence en ce qui concerne les voitures particulières.
Cette essence contenait du plomb tétraéthyle. Elle provoquait donc le rejet
dans l’atmosphère de plomb qui, métal lourd et toxique, se déposait dans
l’environnement… Et les premiers écologistes (scientifiques et pas encore
vraiment politiques) hurlaient à juste titre après la pollution par le plomb.
Finalement, une solution qui a satisfait tout le monde a été de supprimer le
plomb de l’essence. On a oublié de dire que, pour remplir la même fonction, on
a ajouté du benzène dans l’essence, même s’il y en avait peut-être déjà un peu.
Le benzène est hautement cancérigène. A la même époque, le benzène qui servait
dans diverses activités, teinturerie et bien d’autres, a été interdit. Il a même
été considéré comme tellement dangereux que les personnes qui avaient travaillé
en étant à son contact ont eu d’office un suivi médical à vie car ses effets
pervers peuvent se déclencher des années voire des décennies après son emploi…
Et le benzène interdit dans l’industrie s’est retrouvé dans le réservoirs de
toutes les voitures particulières fonctionnant à l’essence. Bien entendu, même
s’il est combustible et en partie brûlé lors du fonctionnement du moteur, il en
est rejeté dans l’atmosphère à divers moments : à la station service, au
garage, lors des déplacements du véhicule même. Personne n’en parle…
Pendant le même temps, le diesel
s’est développé, y compris dans les voitures particulières. Il est devenu
extrêmement rentable pour leurs propriétaires car il conduisait à une réduction
en volume de la consommation de carburant aux cent kilomètres tout en étant
moins cher. Au démarrage, les véhicules, leur entretien et les réglages étaient
plus coûteux mais ce défaut a sinon disparu du moins diminué largement. La
pollution par le diesel est liée aux émissions de particules fines de carbone,
cancérigènes… comme le benzène pour l’essence (ce n’est pas le même type de
cancer, ça nous fait une belle jambe…). Les constructeurs ont donc mis au point
des filtres à particules de plus en plus performants. Et cependant, on entend
toujours les personnalités politiques, surtout écologistes ou prétendues
telles, continuer à vilipender le diesel et à le faire taxer de plus en plus.
Et pourtant, si l’on fait le
bilan :
-les
véhicules roulant à l’essence consomment plus de carburant, donc doivent
logiquement libérer plutôt plus de gaz à effet de serre (CO²) ; ont une
durée de vie en principe plus courte, avec les coûts énergétiques d’en
fabriquer plus pour remplacer ceux en bout de course ; libèrent un
cancérigène très pervers, le benzène ;
-les
véhicules diesels libèrent des particules fines de carbone, cancérigènes elles
aussi ;
…entre
la peste et le choléra…
Et je ne suis pas le seul à écrire
cela, je le pensais et disais déjà mais l’ai lu récemment dans un magazine de
grande diffusion…
Heureusement, le tout électrique va
nous sauver ! En tout cas, c’est ce que disent les personnalités
politiques et écologistes, en tout cas, ceux qui ne voient pas plus loin que le
bout de leur nez !
-le
tout électrique consomme autant d’énergie qui provient en grande partie des
centrales nucléaires quand ce ne sont pas les quelques centrales thermiques
qui restent ; ces centrales nucléaires
sont également très polluantes et, qu’on le veuille ou non, on ne sait toujours
pas éliminer leurs déchets et on n’est pas à la veille de le savoir ; leur
enfouissement est tout le contraire d’une solution ; en langage commun,
c’est ce qu’on appelle « mettre la poussière sous le tapis » ;
dans le cas présent, la poussière est radioactive de très longue
période… ; ayant étudié un peu la géologie et ayant travaillé sur les
grandes catastrophes naturelles, il est pour moi bien évident que l’on ne saurait
prévoir ce qui va arriver « naturellement » dans la durée aux déchets
stockés ; pire encore, on ne saurait prévoir ce qui va se passer vis-à-vis
des circulations d’eaux souterraines, d’éventuels tremblements de terre
(n’oublions pas que celui de Bâle en 1356 a été ressenti jusqu’à Paris…),
d’inondations de grande ampleur sachant que le réchauffement climatique
augmente progressivement l’ampleur de ce genre de grande catastrophe, de
sabotage terroriste ou non, etc. ; une communication en ce sens avait déjà
été faite par d’éminents géologues au Congrès Géologique International de Paris
en 1980… mais ils ne s’agissait « que » d’éminents scientifiques, pas
de politiciens, et les lobbies sont têtus si les faits le sont aussi… ; et
puis, le calcul économique, toujours lui, nous dit qu’il est extrêmement
« rentable » d’enfouir ces déchets… et pour cause, un calcul
économique n’est jamais réalisé que sur quelques dizaines d’années au plus et
la période des éléments radioactifs se chiffre en centaines ou milliers
d’années : les générations futures, nos enfant et petits-enfants, paieront
la note qui n’a pas été calculée ;
-mais
le pire n’est pas là ! Le tout électrique va amplifier la quantité de
batteries contenant des métaux lourds alors qu’on ne sait pas vraiment les
recycler ; on sait peut-être recycler à la rigueur une batterie en bon
état amenée dans une déchetterie, et encore… mais quid des véhicules abandonnés
à droite, à gauche, tombés dans une pièce d’eau, stagnant dans des
casses ? Quid des batteries qui fuient ? Etc.
Il est bien évident qu’aucune des
trois versions n’est satisfaisante et que, si l’on passe d’une propagande pour
l’une à une propagande pour l’autre, ça n’est pas en cherchant l’intérêt des
citoyens et des nations mais parce qu’il y a des lobbies derrière : lobby
des pétroliers, du nucléaire, des constructeurs automobiles… mais aussi et ça
n’est pas le moindre, lobby de l’Etat lui-même qui diffuse des informations
biaisées pour justifier des augmentations des taxes. Tout ce beau monde tire dans
tous les sens sur la couverture pour l’amener à lui… Il n’y a pas une pensée
politique dans tout cela, il n’y a que des pensées politiciennes
contradictoires. Quand on aura bien taxé le diesel, vous verrez apparaître une
propagande expliquant qu’il faut taxer (encore plus) l’essence à cause du
benzène ou de je ne sais quoi d’autre. Puis on taxera les batteries sous
prétexte de recyclage, etc.
Il est bien évident que les vraies
solutions écologiques ne sont pas là. Tout d’abord, comment vouloir laisser se
déplacer une population qui est en totale surpopulation sans commencer par
lutter contre cette dernière au lieu de pousser à la natalité ? Ensuite,
il faut rechercher tout ce qui peut limiter la pollution par les déplacements,
soit en groupant (covoiturage, transports en commun, on ferait mieux de
construire des voies ferrées au lieu d’en déposer… même si, finalement, le
développement des tramways va dans ce sens), soit en étudiant ce qui consomme
et pollue le moins : trains ? vélos non électriques ?
Encore faudrait-il avoir aussi des
politiciens qui aient une vision globale au lieu d’être brinquebalés entre
leurs luttes pour être réélus et les lobbies qui les harcèlent (voire les
achètent ?). La biodiversité sombre
et les espèces disparaissent… mais il y en a une qui a disparu depuis un
certain temps : celle des Hommes (ou Femmes) d’Etat, ayant une vue
synthétique dans l’intérêt de la communauté ! Quant à l’espèce des écologistes
(écologues ?), a-t-elle jamais existé, ou ne s’agit-il que d’un artefact ?
[i] C’est ainsi qu’on pourra se référer à « Socialisation de la nature » de Philippe Saint Marc, Stock 1971 ; cet ouvrage, loin d’être une apologie du socialisme (!) se donne en réalité pour but de montrer comment intégrer la nature dans le calcul économique…